Capsules d'info

introduction

En complément de chacun des circuits-familles, « Passeurs de mémoire » propose des capsules d'info gratuites.

Origines

L’habitation de Champlain à Port-Royal, 1612. (Musée McCord Stewart, 14806, WM Notman, 1914)

Au moins quatre générations de Boudreault, vivent en Acadie avant leur arrivée en Nouvelle-France. Michel Boudreau, d’origine bretonnne, s’établit d’abord à l’embouchure du fleuve La Have en 1632 avec Isaac de Razilly et quelque « 300 hommes « de qualité ». L’endroit se situe dans le comté de Lunenburg, à environ 120 km au sud-ouest d’Halifax, en Nouvelle-Écosse.

L’Acadie

L’arrivée de Razilly se produit dans la foulée de la ratification du Traité de Saint-Germain-en-Laye, signé par la Grande-Bretagne et la France en 1632. Cet accord énonce les termes du retour dans le giron de la France de l’Acadie comme des autres territoires situés le long du Saint-Laurent annexés par les Britanniques en 1628. Après la mort d’Isaac de Razilly en 1635, sa succession est contestée. Le vainqueur de cette dispute décide de ramener la capitale à Port-Royal, de l’autre côté de la péninsule, sur la côte de la baie de Fundy. La guerre civile éclate. 

Les hostilités entre la France et l’Angleterre ont des répercussions jusqu’en Amérique. Les Anglais envahissent l’Acadie en 1654 et la rendent à la France en 1667, avec la signature du Traité de Breda. L’amiral Phipps reprend l’Acadie en 1690 et en 1697, le Traité de Ryswick la retourne à la France.

La guerre de la Succession d’Espagne (1701–1713) implique encore une fois les puissances européennes dans un vaste jeu de pouvoir où les colonies deviennent des pions. Le Traité d’Utrecht prévoit que la colonie française de Plaisance, à Terre-Neuve, soit cédée à l’Angleterre avec « l’Acadie, délimitée par ses anciennes frontières », ce dernier point demeurant en litige. Pour les Français, l’Acadie comprend l’actuelle Nouvelle-Écosse péninsulaire et pour les Anglais elle englobe le Nouveau-Brunswick, la Gaspésie et le Maine actuels. La France se concentre désormais sur l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) et l’île Royale (Île du-Cap-Breton).

La déportation des Acadiens

La nuée du diable La déportation des Acadiens en 1755. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 0002748005, Le Monde illustré, 1898)

Les Anglais prennent à nouveau possession de l’Acadie et Port-Royal devient Annapolis Royal. Dépendants de la production agricole acadienne, ils ne font rien pour encourager les Acadiens à exercer leurs droits de quitter l’Acadie anglaise, ce qui fait aussi l’affaire des Acadiens qui peuvent difficilement mettre en pratique ailleurs leur modèle agricole basé sur les marais de la baie de Fundy.

L’approche des Anglais vise non seulement à garantir l’approvisionnement en vivres à leur garnison, mais également à prévenir l’occupation de l’île par les Acadiens. Dès son arrivée, l’Angleterre exige de ses nouveaux sujets une allégeance inconditionnelle, mais les Acadiens ne consentent qu’à prêter serment de neutralité ce qu’accepte verbalement le gouverneur Richard Philipps en 1729.

Après la guerre de la Succession d’Autriche, en 1748, l’Angleterre décide de rendre le territoire acadien plus « britannique » et la capitale se déplace d’Annapolis Royal à Halifax l’éloignant de ce fait des noyaux de peuplement acadiens et faisant contrepoids à Louisbourg, centre militaire et commercial français. Une campagne de colonisation commence avec l’arrivée de milliers d’immigrants anglais et allemands en provenance du Hanovre et du Brunswick. 

Encerclées, les autorités britanniques de la Nouvelle-Écosse se décident à régler la question acadienne en s’attaquant de front au fameux serment d’allégeance en les menaçant de déportation. Les Acadiens, pris entre deux feux, refusent le serment d’allégeance, avant de se raviser et de choisir de l’accepter. Trop peu, trop tard; en 1755, Charles Lawrence, mécontent d’un serment prêté à contrecœur, entreprend la déportation.

Les déportés « volontaires »

Marquis de Boishébert — Charles Deschamps de Boishébert et de Raffetot. (Musée McCord Stewart, M967.48, vers 1753)

Quelque 200 familles, parmi celles ayant réussi à échapper à la cruelle déportation, se dispersent dans les forêts le long des rivières Memramcook, Shepody et Petitcodiac, dans le sud du Nouveau-Brunswick actuel. Aidées par le missionnaire François Le Guerne et par le capitaine des troupes de la Marine, Charles Deschamps de Boishébert (1727-1797), les familles s’organisent et résistent aux Britanniques. Ce Boishébert est en fait le petit-fils du seigneur de la Bouteillerie, seigneurie située juste en face de Charlevoix, sur la rive sud, à Rivière-Ouelle. 

Voulant éviter une deuxième vague de déportation (qui a finalement eu lieu en 1758), plusieurs de ces familles tapies dans les bois remontent le littoral jusqu’à Miramichi. Après famine et épidémies, elles se résignent à suivre le capitaine de Boishébert jusqu’à Québec, où il prendra ses quartiers d’hiver à l’automne 1757. À Québec, les réfugiés manquaient de vivres. Ils ont dû se contenter de viande avariée et de morue. Les mauvaises conditions de vie ont causé la mort de plusieurs d’entre eux. 

POUR EN SAVOIR DAVANTAGE sur Deschamps de Boishébert, consultez le circuit Deschamps consacré à cette famille seigneuriale sur Passeurs de mémoire au Kamouraska en cliquant ici.

Cécile Boudreault

Carte de l’Acadie et Pais Voisins. Carte de Jacques-Nicolas Bellin, 1757. (Wikimedia)

Née vers 1714 à Annapolis Royal (Nouvelle-Écosse), Cécile Boudreault, fille de Michel et de Cécile Le Blanc, est la sœur de Jean-Baptiste, déporté et père du premier Boudreault en Charlevoix. Vers 1733 à Annapolis Royal, Cécile épouse Jean-Baptiste Pitre, dont la sœur Agnès épousera, cinq ans plus tard, son frère Jean-Baptiste Boudreault.

Cécile et Jean-Baptiste Pitre ont 11 enfants. Le 9 juin 1758, Pitre décède durant l’épidémie de petite vérole qui avait emporté leur jeune fils Jean. Quatre jours après l’inhumation de Jean-Baptiste, Cécile enterre une de ses filles.

Cécile attend plus de quatre ans avant de se remarier. Le 3 novembre 1762, elle épouse Pierre Pellerin à Québec. Cécile a alors la responsabilité de cinq enfants, dont François qui deviendra capitaine de milice. Pellerin décède en 1792. À la fin de 1810, Cécile ayant fait une mauvaise chute, ne veut plus manger et pendant 18 jours, boit un peu d’eau et de rhum. Elle décède des suites de cette chute, à l’âge de 97 ans (l’acte de sépulture indique 104 ans), à Nicolet.

De Saint-Joachim à Baie-Saint-Paul

Le domaine du Petit Cap, Séminaire de Québec, Saint-Joachim, 2016. (Wikimédia, photo : Cephas)

Plusieurs réfugiés acadiens arrivés à Québec s’établissent à l’île d’Orléans aidés par leur ancien curé, François Le Guerne, maintenant lui aussi établi sur l’île. Un grand nombre s’établissent à Saint-Grégoire (Bécancour) et à Nicolet. D’autres se rendent en Beauce ou aux alentours de Bellechasse ou de Saint-Joachim. 

Saint-Joachim, faisant toujours partie de la seigneurie de Beaupré, est relié à d’autres foyers de peuplement de la seigneurie comme Petite-Rivière-Saint-François et Baie-Saint-Paul. François Boudreault, arrivé d’Acadie à l’adolescence, se retrouve à Saint-Joachim, à l’emploi du Séminaire de Québec. On en sait assez peu sur sa vie là-bas, mais on peut imaginer que des occasions l’aient entraîné vers L’Isle-aux-Coudres, dans les premières années du Régime anglais.

Armoiries

Armoiries de la famille Boudreau. (Association des Boudreau inc.)

L’autorité héraldique du Canada a concédé des armoiries à l’Association des Boudreau en 1999. L’Association décrit ses armoiries comme suit :

« Cet emblème comprend le bleu et rouge du drapeau acadien ainsi que l'étoile de Marie.     

L'ancre représente le lien avec la navigation et l'installation des premiers Acadiens à Port Royal.        

La balance rappelle le fait que Michel Boudrot occupait à Port Royal la position de magistrat.

La couronne représente le lien avec Port Royal; les fleurs de lys sur la couronne sont le symbole de la présence française et il y en a onze pour représenter les onze enfants de Michel Boudrot.

La devise: "À la fidélité et à la vaillance des aïeux"». 

Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix

Dès l’été 2024, vous pourrez vous procurer le livre Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix, publié aux Éditions GID. Il sera en vente à la boutique du Musée de Charlevoix, sur le site Web de Parcours Fil Rouge ou en librairie.