Introduction

France et Nouvelle-France

Le manoir de Robert Giffard, vers 1870. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P600,S6,D2,P52, photo : L. P. Vallée)

Jean Côté figure parmi les premiers Européens à s’établir en Nouvelle-France et à y fonder une famille. Recruté par Robert Giffard et les frères Noël et Jean Juchereau, il compte aussi parmi les premiers immigrants habitant la ville de Québec. Le lieu d’origine de Jean Côté demeure inconnu. Plusieurs éléments l’associant à des Percherons et, plus précisément à Mortagne, font dire à l’Association Perche-Canada que Jean Côté serait originaire de cet endroit.

L’inscription de son mariage aux registres de Québec aurait pu indiquer le nom de ses parents et la paroisse d’origine, mais ils ont été détruits lors de l’incendie de la chapelle Notre-Dame-de-la-Recouvrance en 1640. Les registres reconstitués « de mémoire » à la suite de l’incendie omettent ces informations. En revanche, selon l’ouvrage Relations des Jésuites, consignant les évènements marquants de la vie dans les missions, Jean Côté serait arrivé à Québec le 20 juillet 1635 à bord du navire de Théodore Bochart-Duplessis et il aurait rencontré sa future épouse, Anne Martin, lors de la traversée. Gaspard Boucher et sa famille auraient aussi pu être du voyage.

 

Québec

Carte du plan et environs de Québec, 1664. (Bibliothèque nationale de France, Collection Gallica)

Jean épouse Anne Martin le 17 novembre 1635 à Québec; il est âgé de 28 ans et Anne de 27 ans. Jean habite Beauport à côté de Zacharie Cloutier et de Noël Langlois. Leurs propriétés se situent entre les rivières Beauport et Montmorency, près des chutes. Jean érige, vers 1642, un bâtiment sur un lot de la haute-ville de Québec, sur la rue du Trésor, près de la rue Buade. Il devient ainsi propriétaire d’une des 30 maisons de la ville. Il habite à proximité des Couillard, Legardeur, Bourdon, etc. Vers 1650, Jean vend une concession de la Grande Allée acquise en 1636. Il mène une vie confortable.

 

La famille

Huit enfants naissent du mariage de Jean et Anne et l’aisance financière de Jean permet qu’ils soient instruits alors que lui ne sait ni écrire ni signer. Parmi eux, cinq fils reçoivent des terres sur l’île d’Orléans et quatre s’y établissent. Leur fille Marie décède deux semaines après sa naissance et la benjamine, Louise, épouse le marchand rochelais Jean Grignon. Leur fille Simone épouse Pierre Soumande, dont les nombreux enfants comprennent le chanoine Louis Soumande et Pierre Soumande de l’Orme (Delorme), futur coseigneur de La Malbaie. 

 

Jean dit Lefrisé

Carte du secours envoyé lors du naufrage du navire L’Éléphant le 2 septembre 1729. Dessin, Mahier. (Bibliothèque nationale de France)

Cinquième enfant de Jean Côté et Anne Martin, Jean dit Lefrisé naît à Québec le 25 février 1644. Jean, fils, est le principal propagateur du patronyme avec ses deux mariages. Des sept enfants qui naissent de son mariage avec Anne Couture, en 1669, quatre fils se marient. Des 11 enfants nés de son deuxième mariage avec Geneviève Verdon, en 1686, huit fils fondent une famille. Jean, fils, cultivateur sur l’île d’Orléans, exerce aussi le métier de capitaine et pilote de bateau. La navigation sur le fleuve est réglementée depuis 1647. Le premier pilote de bateau identifié comme tel est Abraham Martin dit l’Écossais dont le lien de parenté avec Anne Martin est inconnu. Dans le fleuve Saint-Laurent, la navigation entre le cap Tourmente et Québec est particulièrement périlleuse. Plusieurs capitaines l’ont appris à leurs dépens. Le pilote travaille à côté du capitaine. Il guide le navire pour éviter les écueils (courants, marées, îlets, hauts-fonds, récifs, etc.) et arriver à bon port. Il doit maîtriser les instruments de navigation (boussole et sextant).

 

Les premiers baptêmes à La Malbaie

« Le dix huit avrille de L’annee mille six Cens quatre vingt Treize par moy prestre soussigné a Estée Baptisée a la malbaye Jeanne fille de Claude a8nem8t et de Cristine Cratansky Sa femme ageé de huit mois Environ miKmaKs de nation. Le parein a Esté Jean Baptiste Cotté Lequel na point. Signé. J. Pinguet » Acte de baptême à la chapelle de La Malbaie, 1693. (Registres paroissiaux de Baie-Saint-Paul)

Lorsqu’ils reconstruisent leurs installations de La Malbaie, après le passage destructeur de l’amiral Phipps en 1690, les coseigneurs François Hazeur et Pierre Soumande érigent une chapelle vraisemblablement devenue fonctionnelle à l’automne 1692. Les registres paroissiaux de Baie-Saint-Paul indiquent que le 18 avril 1693, Jean-Baptiste Côté, fils du premier mariage de Jean Côté dit Lefrisé avec Anne Couture, est parrain lors du baptême de Jeanne a8nem8t (Aounemout), âgée de huit mois et « mikmak » de nation. Un peu plus tard, le 13 juillet 1693, les registres de Tadoussac mentionnent un mariage « célébré dans la chapelle de M. Hazur » à La Malbaie par le jésuite François Decrespieul, entre Thomas Esquimeu et Anne K8etat (Kouetat). Jean-Baptiste Côté y figure comme un des trois témoins.

 

Décès

Le pionnier Jean Côté est mort dans sa maison de Beauport le 27 mars 1661. Il a été inhumé le lendemain sous l’église Notre-Dame de Québec. C’est un honneur particulier d’être enseveli sous une église plutôt que dans le cimetière paroissial. Jean Côté est un des 1 000 individus qui se retrouvent sous cette église.

 

Descendants célèbres

Michel Côté, 2006. (Facebook « Les enfants de la télé », photo : Pénélope Roy Dumouchel)

L’Association Perche-Canada a identifié quatre personnalités publiques qui descendent directement de Jean Côté et Anne Martin. Il s’agit des chanteuses Céline Dion, Madonna Louise Ciccone et Diane Tell ainsi que de l’écrivain franco-américain Jack Kerouac. L’Association des Côté d’Amérique ajoute à cette liste le peintre Marc-Aurèle Côté qui signait ses œuvres Suzor-Côté.

Le comédien Michel Côté, décédé le 29 mai 2023, est originaire d’Alma, au Lac-Saint-Jean. Au début de la colonisation du Saguenay, son aïeul, Léandre Côté, migre à Grande-Baie en provenance de Baie-Saint-Paul.  Michel Côté descend de Thomas Côté établi à Baie-Saint-Paul dans les années 1730. Thomas est le fils de Geneviève Verdon et de Jean, un des premiers maîtres de la seigneurie de La Malbaie.

 

Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix

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