Capsules d'info

Introduction

En complément de chacun des circuits-familles, « Passeurs de mémoire » propose des capsules d'info gratuites.

Origines

Le boulanger, XVIIe siècle. (Bibliothèque nationale de France, collection Gallica)

On associe le nom Dufour au métier de boulanger. Relativement commun en France et en Suisse, on attribue la création de l’état fédéral moderne au général Henri Dufour. Aucun lien de parenté avec Robert Dufour, ancêtre de la grande majorité des Dufour d’Amérique.

En France

Lors de son mariage en Nouvelle-France, Robert Dufour déclare arriver de la paroisse Saint-Jacques, dans la ville de Lisieux dans le Calvados. Des recherches récentes indiquent que les parents de Robert sont de Saint-Martin-de-la-Lieue, un village situé à quelques kilomètres au sud de Lisieux. Elles précisent que les parents de Robert, de même que sa fratrie, sont de Saint-Martin ou des villages voisins.

Robert se serait donc rendu « en ville » pour y travailler avant d’émigrer de la France. Selon l’Association des Familles Dufour, Robert Dufour naît entre 1662 et 1664, il arrive en Nouvelle-France en 1690, année du siège de Québec par William Phipps, et il est âgé d’environ 27 ans à son arrivée.

 

En Nouvelle-France

Le tailleur de pierre, 1372. (Bibliothèque nationale de France, collection Gallica)

À Québec, la Fabrique de l’église de Sainte-Anne embauche Robert pour agrandir son église, érigée pour la troisième fois en 1676. La Fabrique le paye pour trois mois et onze jours de travail à titre de tailleur de pierre. D’autres documents, datant de son premier mariage du 1er mai 1694, indiquent qu’il exerce aussi le métier de maréchal.

 

Anne Magneron

C’est Anne Magneron que Robert épouse le 1er mai 1694. Quatrième enfant et troisième vivante de Laurent Magneron dit Lajeunesse et d’Anne Saint-Denis de Château-Richer, elle porte aussi le nom Migneron. Noël Simard, habitant de Petite-Rivière-Saint-François, est témoin au mariage ainsi que François Robin, mari de Françoise Magneron, demi-sœur d’Anne.

Anne Saint-Denis décède à la suite de complications lors de l’accouchement d’Anne, le jour même, soit le 16 octobre 1674. Son père se remarie sept mois plus tard avec la veuve de Nicolas Maheu, Marie Guillaume, qui élève Anne.

Malheureusement, le 17 mars 1701, lors de la naissance de sa troisième fille, Agnès, Anne fait face aux mêmes complications que sa mère et elle décède en laissant dans le deuil son mari Robert, un bébé et deux filles âgées de trois et quatre ans. Mentionnons que la date de naissance d’Agnès provient d’une requête faite au Conseil souverain lorsqu’elle atteint sa majorité.

 

Louise Gagné

Le 26 août 1703, Robert épouse Louise Gagné à Petite-Rivière-Saint-François. Leur mariage repose soit sur un coup de foudre, soit sur un arrangement mutuellement convenable. Louise Gagné, originaire de Petite-Rivière, visite souvent son oncle, Ange Dodier, à Saint-Joachim. Ce dernier est alors voisin de Robert Dufour qui héberge depuis quelque temps son beau-père, Laurent Magneron, et sa deuxième épouse, Marie Guillaume. Trois ans avant son mariage, Louise s’était établie à Petite-Rivière avec ses parents sur une terre ayant d’abord été concédée à son grand-père, Jacques Dodier, qui cherchait une terre bien à lui au sein de la même seigneurie de Beaupré.

 

Le Rapport Coquart

En 1749, l’intendant François Bigot demande au jésuite Claude Godefroy Coquart, basé à Tadoussac, de rédiger un rapport confidentiel sur l’administration et le rendement des postes du Domaine du roi, lesquels comprennent, depuis 1724, la seigneurie de La Malbaie. Le rapport, rédigé par Coquart à la fin de son hivernage à La Malbaie, nous apprend énormément de choses sur la situation qui prévaut alors à La Malbaie, entre autres que, depuis 1733, le missionnaire de Tadoussac doit hiverner à La Malbaie, par ordre de l’intendant.

La Malbaie étant de loin le plus important poste du domaine, le rapport y consacre une large part. Coquart identifie candidement tous les problèmes et formule plusieurs recommandations. Joseph Dufour, responsable des deux fermes de la seigneurie, ne lui inspire que du bien. Au sujet de Joseph, fils aîné de Robert et de Louise Gagné en poste à La Malbaie depuis 1745, Coquart affirme « […] on ne peut trouver un meilleur fermier pour La Malbaye. Il s’y est tellement attaché qu’il regarde Comme son bien propre celui qu’il a entre les mains, ce qu’il fait tous ses efforts pour le faire valoir autant qu’il depend de Lui. » Avant Joseph Dufour, il y a eu de « frequent changement de fermiers, soit qu’ils ne fussent pas tels qu’on Les vouloit, Soit pour d’autres raisons».

Le père Coquart signale à l’intendant que le fermier Dufour « vouloit sortir » parce que «Presque tous les gages passent pour L’Entretien de la famille. Il a Trois grandes filles qui servent au menage, et un garcon pour les Etables. S’il n’avoit point les filles il Seroit obligé de prendre des servantes a qui Il faudroit donner gages. Son ainée en a la tete de la ferme pour le Menage elle n’a que 50 # par an. » Le père Coquart demande à l’intendant de considérer les demandes monétaires du fermier Dufour afin de le retenir à La Malbaie : « Il demande qu’on augmente les gages de cette fille [l’aînée] jusqu’à La concurrence de 100 # et qu’on donne 20 ecus [60 livres] a la Seconde… et demande qu’on veüille bien Luy accorder La moitié des Toisons de ses moutons». Le domaine récupère même la laine des moutons appartenant à ses employés!

Le respecté père recommande : « La laine est un petit objet quant aux gages qu’il demande pour ses deux filles, je crois qu’il seroit content, du moins devroit il l’estre, si on donnoit 80 # a son ainée et 50 a la cadette. Il merite queque chose pour ses jours et son attention, et on peut dire à sa Louange que Jamais La Malbaye n’a été en si bon Etat quelle est a present ».

 

Vers La Malbaie

L’établissement des Dufour dans l’est de Charlevoix s’effectue en trois temps. Le premier, Joseph Dufour, arrive à La Malbaie au printemps 1745 à titre de maître de la seigneurie, embauché par le Domaine d’Occident, aussi appelé Domaine du roi. Joseph Dufour y a plusieurs enfants de ses mariages avec Marianne Tremblay et Félicité Simard. Joseph demeure à La Malbaie après la Conquête et travaille pour le nouveau seigneur. Joseph, deuxième enfant du deuxième mariage du pionnier Robert Dufour, reçoit, en 1771, une concession à la Rivière Mailloux, en haut de la côte de Terre-Forte. Ses descendants migrent ensuite vers Sainte-Agnès, Clermont, Port-aux-Quilles et Baie-des-Rochers.

Le deuxième, Thimothée Dufour, s’établit lui aussi à La Malbaie. Petit-fils de Robert, fils de Gabriel et de sa deuxième femme, Madeleine Boissonneau dit Saintonge, Thimothée est le huitième et plus jeune enfant de Robert et de Madeleine. Thimothée arrive à La Malbaie entre 1797 et l’été 1799, soit bien après le décès de son oncle Joseph. Établi dans le rang Nord-Est-de-la-Rivière, Thimothée se démarque par son engagement civique. Plusieurs de ses descendants laissent une marque tant à La Malbaie qu’à l’extérieur de la région. Le dernier Dufour à s’établir à La Malbaie, Jean-François, demi-frère de Thimothée, fils aîné de Gabriel et de sa première femme, Geneviève Tremblay, a presque 23 ans de plus que Thimothée. Il arrive un an ou deux après Thimothée, avec ses quatre fils adultes. On croit qu’il s’installe alors vers le rang Saint-Charles. On retrouve ses descendants à Sainte-Agnès, à Saint-Aimé-des-Lacs et à Clermont.

 

Maréchal

Forgeron ferrant un cheval à Saint-Fidèle, comté de Charlevoix, 1942. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, E6, S7, SS1, P8239, photo : Herménégilde Lavoie)

Robert Dufour se décrit comme maréchal. En Nouvelle-France, les métiers de la métallurgie comprennent le forgeron, le maréchal, le chaudronnier, le serrurier, le ferblantier, le taillandier, l’armurier et l’arquebusier. Dans des endroits isolés avec peu de population, celui qui travaille le métal à chaud fait un peu de tout. Au début du XIXe siècle, la plupart des professions liées au fer se résument à la ferronnerie.

Le maréchal-ferrant se spécialise dans la pose de fers aux chevaux et aux animaux de trait. Cela inclut la taille des sabots et la fixation des fers sur les sabots. Un maréchal doit aussi posséder les compétences de forgeron pour préparer et adapter les fers. Travaillant normalement dans une posture à demi accroupie, pour avoir accès aux sabots, le maréchal doit être fort pour soulever et tenir les pattes de l’animal pendant qu’il effectue son travail. Le forgeron, ou le maréchal lorsqu’il forge des fers, se protège avec un tablier de cuir épais. Il utilise un soufflet, anciennement en cuir, puis en bois et aujourd’hui en métal, pour pousser l’air sur le charbon enflammé de la forge. Le forgeron se fie à la couleur du fer chauffé pour connaître sa maniabilité. À des températures plus élevées, le fer devient d’abord rouge, puis orange, jaune et enfin blanc. La plupart des pièces forgées doivent être jaune orangé vif pour être forgeable. Le forgeron les tient en place avec des pinces pendant qu’il utilise des marteaux pour donner au métal la forme voulue. Le forgeron fabrique des charnières de porte, des ferrures de bâtiment, des instruments de ferme, des accessoires de charrette, etc.

 

Armoiries

Armoiries des familles Dufour.  (Association des Familles Dufour d’Amérique inc.)

En 1989, l’Association des Familles Dufour d’Amérique adopte ses armoiries s’appliquant aux descendants de Robert Dufour. « Sur fond bleu, une bande supérieure jaune est ornée d’un croissant d’argent tandis que la partie inférieure de l’écu est ornée d’un chevron doré entouré de trois étoiles d’argent, l’une dans l’angle inférieur du chevron, les deux autres placées sur les côtés supérieurs à droite et à gauche du chevron ».

Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix

Dès l’été 2024, vous pourrez vous procurer le livre Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix, publié aux Éditions GID. Il sera en vente à la boutique du Musée de Charlevoix, sur le site Web de Parcours Fil Rouge ou en librairie.