introduction

Sur l’île de Ré

L’Isle de Ré, 1756. Estampe, G. L. Le Rouge. (Bibliothèque nationale de France)

Lieu d’origine des Gaudreault, l’île de Ré, une des deux grandes îles au large de La Rochelle, rappelle une longue histoire de pêche côtière. Plusieurs Gaudreault de la Nouvelle-France en proviennent et, parmi eux, certains se rendent dans Charlevoix. Plus précisément, les Gaudreault viennent de La Flotte-en-Ré, la plus grande commune de l’île en superficie, mais la deuxième en population. Gilles Gaudreault est baptisé dans l’église Sainte-Catherine-d’Alexandrie, au centre du village, en 1644 et son frère Jean, en 1649. Leurs parents sont Jean et Marie Rouer, mais on ne sait pratiquement rien à leur sujet. Le 31 mars 1665, Gilles se rend chez le notaire Teuleron à La Rochelle pour finaliser son contrat d’engagement chez Jacques Bernier dit Jean de Paris pour une période de trois ans. 

En Nouvelle-France

Carte au Gouvernement de Québec. Gédéon de Catalogne et J.-B. Decouagne, 1709. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P600,S4,SS2,D192)

Gilles Gaudreault quitte La Rochelle le 25 avril 1665 sur le navire Cat de Hollande. Après presque deux mois de traversée, il arrive à Québec le 18 juin. Au terme de son contrat avec Bernier, probablement dès 1668, Gilles s’établit à l’île d’Orléans. Que fait Gilles sur l’île? Probablement un peu de tout, car il n’a pas de terres qui lui soient propres.  Entretemps, son frère Jean arrive à Québec en 1670. Gilles se voit concéder par les sœurs Hospitalières et les Ursulines, le 9 avril 1675, deux lots le même jour. En 1678, Gilles décide de rejoindre son frère à Cap-Saint-Ignace. Il y obtient une terre de la seigneuresse et s’y établit aussitôt. L’endroit porte aujourd’hui le nom d’Anse-à-Gilles.

Jean Gaudreault

Moulin à vent de Cap-Saint-Ignace, vers 1920. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P600,S6,D5,P104)

Le frère cadet de Gilles arrive à Québec, cinq ans après lui, en 1670. En 1673, il se procure une première terre puis, une deuxième l’année suivante pour s’en départir presque immédiatement, car, en 1675, il devient le cinquième censitaire de la seigneurie de Vincelotte. Cette seigneurie est concédée à Geneviève de Chavigny, veuve de Charles Amiot de Vincelotte, fils d'Anne Couvent et de Philippe Amiot dit Villeneuve.

Les descendants de Jean Gaudreault habitent principalement sur la rive sud du fleuve. Nous savons cependant que le grand-père de l’enseignante militante, Laure Gaudreault, traverse dans Charlevoix au XIX^e siècle.

Les mariages de Gilles

Le 15 octobre 1671, dans l’église de Sainte-Famille-de-l’Île-d’Orléans, Gilles Gotereau (Gaudreault) épouse Anne de la Vieville, originaire de la paroisse Saint-Eustache de Paris. Leurs témoins sont Gabriel Gosselin et Adrien Blanquet. Anne décède après avoir eu six enfants. Nous ne connaissons ni la date du décès d’Anne ni celle du deuxième mariage de Gilles avec la veuve Catherine Renusson. En fait, il s’agit du troisième mariage de Catherine. Gilles et Catherine se sont donc mariés au plus tôt en 1709 et au plus tard un an avant le décès de Catherine, soit en 1718. 

Les enfants de Gilles et Anne

La fête du grand-père. Ferdinand Georg Waldmüller, 1849. (Wikimédia)

Des six enfants de Gilles Gaudreault et Anne de la Vieville, un fils perpétue le patronyme ; Gilles, fils, parfois appelé Gabriel. Ce dernier s’établit dans la seigneurie de Bonsecours à L’Islet. Il y côtoie certainement des cousins des Gamache, les Fortin, qui ont de la famille sur la rive nord. Jacques, fils de Gilles, fils, se rend dans Charlevoix pour vivre sur une île comme son grand-père! Mais L’Isle-aux-aux Coudres n’est ni l’île de Ré ni l’île d’Orléans. La vie y est beaucoup plus difficile.

Les trois filles de Gilles et Anne se marient et ont des enfants. Anne, l’aînée, est la matriarche des descendants de la famille de Pierre Caouette. En 1699, Marguerite, troisième de la famille, épouse Jacques Marchand, originaire de l’île de Ré comme ses beaux-parents. Finalement, Jeanne, l’avant-dernière, épouse François Boucher en 1701, fils de Jean Galéran Boucher et de Marie Leclerc de Rivière-Ouelle.

Décès

Catherine Renusson décède le 22 novembre 1719 à l’âge d’environ 65 ans et Gilles Gaudreault meurt à l’âge de 82 ans, en 1726, au Cap-Saint-Ignace. Anne, fille de Gilles et d’Anne, et son mari, Pierre Caouette, héritent de la terre paternelle.

Godoro

Godoro signifie « matelas » en kiswahili. C’est aussi la manière qu’avait Yves Gaudreault, père blanc natif de La Malbaie, d’expliquer à ses paroissiens du quartier South « B » à Nairobi (Kenya) comment prononcer son nom — en kiswahili. Contrairement au français ou à l’anglais, on prononce toutes les lettres des mots écrits, et, à l’inverse, on écrit phonétiquement. Le nom « Gaudreault » donne donc beaucoup de fil à retordre à quiconque veut prononcer toutes les lettres qu’il contient.

Armoiries

Armoiries Gautreau. (Association des familles Gautreau)

L’Association des familles Gautreau adopte un blason le 28 avril 1985, à Sainte-Foy, lors de son assemblée de fondation. L’Association décrit ses armoiries comme suit : « L’écu français ancien est orné de chaque côté d’un rameau de pin chargé de pommes au naturel.  Sur les bouts des rameaux croisés en sautoir est placé le listel portant la devise. La forme et les couleurs du blason évoquent le Poitou et l’Aunis, patries d’origine des familles Gautreau d’Amérique. Les meubles constitués de trois pins soulignent à la fois le nom de Gaud, bois, petite forêt, et le nombre de souches de ces familles : la famille acadienne de François, la famille canadienne de Gilles et de Jean, son frère, et les familles des fils adoptifs.  Enfin, la devise À cœur vaillant ! rend hommage à la qualité qu’on reconnaissait à nos pères. »

Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix

Dès l’été 2024, vous pourrez vous procurer le livre Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix, publié aux Éditions GID. Il sera en vente à la boutique du Musée de Charlevoix, sur le site Web de Parcours Fil Rouge ou en librairie.