Capsules d'info

introduction

En complément de chacun des circuits-familles, « Passeurs de mémoire » propose des capsules d'info gratuites.

Nouvelle-France

Carte de Nouvelle-France dessinée par Champlain 1612. (Wikipédia)

C’est en Normandie, le 28 novembre 1628, que René Lavoie (de Lavoye), fils de René et d’Isabeau Bellenger (Bélanger), est baptisé. Son père, né en 1601, décède avant 1672 et sa mère naît en 1607. René a six sœurs et trois frères : Robert, Pierre, Marie, Catherine, Jeanne, Marie, André, Élisabeth et Catherine.

René Lavoie, fils, débarque à Québec en 1656 ou avant. En fait, il serait le premier de six Européens porteurs du patronyme Lavoie à s’établir durablement en Nouvelle-France avec Pierre Lavoie, son épouse Jacquette Grignon et leurs quatre enfants arrivés de Charente-Maritime en 1666. Le sixième, René Pelchat dit Lavoie, un pêcheur originaire de la Manche, arrive au pays beaucoup plus tard, en 1752.
 

Québec

Sans métier, René signe un contrat d’engagé avec Jean Jobin, maître tailleur d’habits à Sillery. René vit à Québec dans une période d’instabilité puisque les Anglais, sous le commandement du major général Robert Sedgwick (1611-1656), viennent de prendre l’Acadie qui devient alors un casse-tête pour la Couronne.

Mariage

L’accordée du village, Jean-Baptiste Greuze, 1761. (Wikimédia)

René épouse Anne Godin le 19 avril 1656 à Québec. Étienne Lessard, témoin à leur mariage, deviendra plus tard le premier propriétaire de deux seigneuries de Charlevoix. Anne naît le 16 octobre 1639 à La Rochelle de parents huguenots, appellation courante des protestants français à partir de 1560. René, également huguenot, est dispensé, lors de son mariage, de « toute autre cérémonie pour bonnes et justes raisons ». Le père Jean de Quen écrit, après le mariage, qu’il a fait faire abjuration d’hérésie à René en présence de trois personnes, dont son employeur Jean Jobin.

Selon l’historien Philippe Joutard, dans Les huguenots en Amérique, un patrimoine paradoxal, le rôle des protestants en Nouvelle-France est loin d’être négligeable. Après les explorations de Cartier, la première colonisation est tentée par un protestant, Jean-François la Rocque de Roberval, en 1541-1543.

Un demi-siècle plus tard, un autre réformé, Pierre Duguat de Monts, établit la première colonisation en Acadie, à l’île Sainte-Croix. Ensuite, à partir de 1627, Richelieu interdit aux protestants de s’établir en Nouvelle-France ou en Acadie. Ceux-ci y sont tout de même présents! Le généalogiste Michel Barbeau dénombre 321 huguenots établis en Nouvelle-France jusqu’en 1763. Plusieurs marins et marchands actifs en Amérique proviennent des provinces atlantiques qui, généralement, appuient la Réforme protestante. Mais on ne semble pas trop s’en soucier, même après la conquête anglaise, tant l’identité linguistique se confond longtemps avec l’identité religieuse, langue française étant synonyme de catholicisme. Les anglophones se satisfont de la situation et, même, ils y contribuent. 

POUR EN SAVOIR DAVANTAGE, consultez la biographie de R. La Roque de Roquebrune, « LA ROCQUE DE ROBERVAL, JEAN-FRANÇOIS DE », dans le Dictionnaire biographique du Canada en cliquant ici  et celle de Georges MacBeath « DUGUA DE MONTS (Du Gua, de Mons), PIERRE » en cliquant ici.

René et Marguerite Bouchard

Plaque en l’honneur de Claude Bouchard, Saint-Cosme-en-Vairais, 2016. (Association Perche-Canada)

L’aîné de la famille de René Lavoie et d’Anne Godin se prénomme René comme son père. Né vers 1657, René obtient, en 1680, une concession à Petite-Rivière-Saint-François. À Sainte-Anne-de-Beaupré, le 4 novembre 1683, René épouse Marguerite Bouchard, l’aînée de Claude Bouchard, le premier censitaire de la Petite-Rivière-Saint-François. Ils ont 10 enfants entre 1684 et 1707 (quatre filles et six garçons) et ils élèvent leur famille à Petite-Rivière-Saint-François. 
En effet, en mai 1684, l’acte de baptême de leur aîné François-Xavier stipule que le père et la mère résident à « Cote Saint-François-Xavier ». En avril 1686, lors du baptême de leur fille Rosalie, on précise que les grands-parents maternels de l’enfant, Claude Bouchard et Louise Gagné, résident à « mission Saint-François-Xavier ».

Des 10 enfants de René et Marguerite, quatre habitent Charlevoix : une fille ayant épousé un Tremblay et trois fils habitant Petite-Rivière. L’aîné, François-Xavier, vit 10 ans (1741-1750) à La Malbaie avec sa femme et six de leurs enfants. Par la suite, ils s’établissent sur la Côte-de-Beaupré et y demeurent jusqu’à leurs décès. Décédé et inhumé à Petite-Rivière-Saint-François, René fils, était capitaine de milice comme l’indique l’acte de sépulture inscrit aux registres de Baie-Saint-Paul en date du 8 décembre 1731.

René Lavoie et Marguerite Bouchard sont inhumés à Baie-Saint-Paul avec leur fils Joseph. Leurs fils Jean et Michel reposent à Petite-Rivière et leur fille Catherine, aux Éboulements. L’aîné repose à Sainte-Anne-de-Beaupré, trois autres enfants à Québec et une à Laprairie.

Michel Lavoie, notaire royal

Nomination de Michel Lavoye par l’intendant Hocquart, 1737. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Michel Lavoie, fils de René, fils, et de Marguerite Bouchard, est nommé notaire royal le 30 décembre 1737 par l’intendant Gilles Hocquart. Le notaire pratiquant dans des régions peu peuplées est confronté, pour des raisons évidentes, à un défi singulier : éviter les transactions entre membres d’une même famille et, de ce fait, les conflits d’intérêts.

Comme il ne peut vivre que du notariat, Michel pratique aussi le métier de constructeur de bâtiments. Il œuvre dans ces deux domaines dans différentes localités de Charlevoix et à Tadoussac où il érige une « nouvelle » chapelle pendant les années du père Claude Godefroy Coquart. C’est à Michel Lavoie que l’on attribue l’évolution du patronyme « De Lavoye » vers « Lavoie ».

POUR EN SAVOIR DAVANTAGE, consultez la biographie de Donald J. Horton, « HOCQUART, GILLES » dans Dictionnaire biographique du Canada en cliquant ici.

Jacques Lavoie

Jacques Lavoie, fils de René fils et de Marguerite Bouchard, se marie deux fois : avec Angélique Garand en 1706 et avec Marie Barbot en 1719. Il a cinq enfants de son premier mariage et sept de son deuxième.  De tous les enfants, neuf atteignent l’âge adulte, se marient et habitent Petite-Rivière-Saint-François.

Décès

Devenu veuf en 1678, René, père, se relocalise à Château-Richer. Il y décède le 11 mars 1696 et on l’inhume dans le cimetière de cette paroisse.

Descendants

Comme l’indique le tableau généalogique, du mariage de René Lavoie (père) et de sa femme Anne Godin, naissent huit enfants : cinq fils et trois filles. De ce nombre, tous se marient et laissent une descendance. René et Anne ont un peu plus de 70 petits-enfants, dont une quinzaine de garçons mariés qui perpétuent le patronyme.

Leur fille Anne, née le 17 février 1664 à Château-Richer, épouse Pierre Allard le 22 novembre 1683 à Sainte-Anne-de-Beaupré. De ce couple, naissent deux enfants : Marie et Pierre. Anne Lavoie décède en 1686, peu après la naissance de son fils. Le 9 novembre 1690, Pierre Allard (père) épouse en secondes noces Marthe Dugré. Puis, le 29 août 1700, il épouse Madeleine Pinel.

Pierre, troisième fils de René et d’Anne, naît le 15 août 1666 à Château-Richer. Il épouse Constance Duchene le 2 mai 1696 à l’île d’Orléans avec qui il a quatre enfants : Élisabeth, Jeanne, Jacques et Marguerite Lavoie. Constance décède avant le 10 février 1716 puisqu’à cette date Pierre épouse, en secondes noces à La Durantaye, Madeleine Tourneroche, veuve de Julien Dumont. Trois filles naissent de cette union : Geneviève, Madeleine et Josèphe Lavoie.

Jacques Lavoie, quatrième fils de René et d’Anne, naît le 12 septembre 1669 à Château-Richer. Il épouse Angélique Garand le 15 février 1706 à Baie-Saint-Paul. Comme on le verra, son frère aîné, René Lavoie, vit dans Charlevoix depuis 1686. Jacques s’établit à Baie-Saint-Paul. Les cinq enfants du couple y naissent et au moins quatre y décèdent. Angélique meurt en mai 1718 et elle est inhumée à Baie-Saint-Paul. Jacques épouse la veuve Manon Barbeau (mère d’une fille décédée en bas âge et d’un fils) à Charlesbourg le 7 août 1719. De cette union naissent sept enfants entre 1720 et 1732. Jacques est inhumé à Petite-Rivière-Saint-François le 3 janvier 1752 et Marie Barbeau est enterrée à Baie-Saint-Paul le 12 décembre 1767.

Madeleine Lavoie, fille de René père et d’Anne Godin, naît le 1er avril 1672. Elle épouse Étienne Godard le 6 octobre 1687 à Sainte-Anne-de-Beaupré. De ce couple, naissent neuf enfants. Brigitte Lavoie, dernière fille de la famille, naît le 3 mars 1675 à Sainte-Anne-de-Beaupré. Elle épouse Charles Routhier le 3 novembre 1697. Neuf enfants naissent de cette union.

Le benjamin, Joseph Lavoie, naît le 13 janvier 1678. À Sainte-Anne-de-Beaupré, le 21 novembre 1701, il épouse Françoise Guimond. Cette dernière est veuve et mère d’une petite fille, Marie-Anne Racine, née de son mariage avec Noël Racine, à laquelle s’ajoutent neuf enfants Lavoie. En secondes noces, Joseph Lavoie épouse Catherine Allaire le 25 novembre 1726 à Saint-François, île d’Orléans. Aucun enfant ne naît. Après le décès de Joseph, Catherine se remarie en 1727 et donne vie à six enfants Savard.

La guerre de 1812

Le Colonel de Salaberry à Châteauguay, 1813. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 0005259668)

Lorsque les hostilités sont déclenchées en 1812 entre les Américains et la Grande-Bretagne, le gouverneur ordonne aux colonels de milice de lever 2 000 hommes afin de former quatre bataillons de « milice incorporée » à l’armée régulière.

Le colonel Malcom Fraser reçoit l’ordre le 25 mai à La Malbaie. Il procède à un tirage au sort de 35 noms pour fournir le quota de la milice sédentaire de Baie-Saint-Paul (c’est-à-dire de tout Charlevoix), qui est de 35 hommes. Certains tirés au sort changent de place avec d’autres, ce qui semble permis, probablement avec l’assentiment du capitaine local. En janvier, un ordre supplémentaire est donné pour que la milice de Baie-Saint-Paul trouve 116 hommes de plus.

Deux Lavoie de la milice sédentaire de Baie-Saint-Paul sont mobilisés dans Charlevoix : Olivier (fils de Gabriel de Baie-Saint-Paul) et Thomas (fils de François des Éboulements). Olivier et Thomas sont affectés, à titre de soldats, au 1er Bataillon de la Milice d’élite incorporée. 

Le 26 octobre 1813, la Milice d’élite incorporée se trouve à Châteauguay pour affronter une force d’invasion américaine. Le jour de la bataille, le 3e Bataillon s’est battu toute la journée et le 1er Bataillon, gardé en réserve, a pris la relève à la fin de la journée, après un repli temporaire de l’ennemi. Le 1er Bataillon a contribué à repousser la dernière attaque américaine durant la nuit et n’a subi aucune perte parmi ses 70 hommes. À titre de vétérans mobilisés, Olivier et Thomas ont eu droit à la gratification consentie par le parlement de l’époque. Ils ont reçu 20 dollars en 1875. Les deux vivaient à Baie-Saint-Paul. Olivier avait 82 ans et Thomas en avait 80.

L’abjuration

L’abjuration d’Henri IV à Saint-Denis, 1593. Nicolas Baullery. (Musée d’art et d’histoire de Meudon)

Généralement, une abjuration est la répudiation solennelle, l’abandon ou la renonciation de ses droits de citoyenneté ou de tout autre droit ou privilège. En français, l’usage de ce terme réfère presque toujours à la renonciation du protestantisme devant un ecclésiastique catholique.

Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix

Dès l’été 2024, vous pourrez vous procurer le livre Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix, publié aux Éditions GID. Il sera en vente à la boutique du Musée de Charlevoix, sur le site Web de Parcours Fil Rouge ou en librairie.

Le saviez-vous?

Au Kamouraska, Passeurs de mémoire offre un autre circuit consacré à la famille Lavoie. Pour vous le procurez, cliquez ici.