Capsules d'info

Introduction

En complément de chacun des circuits-familles, « Passeurs de mémoire » propose des capsules d'info gratuites.

Les Malteste

Le château de Combourg, 1859. Photographie de John Jephson, Augustus Reeves, Henry Taylor. (Wikimédia)

En France et dans les premiers actes canadiens impliquant des membres de la famille Maltais, on retrouve la graphie « Malteste » ou une de ses variantes. Certains associent le nom aux habitants de l’île de Malte et d’autres l’associent à des mots italiens signifiant « mauvaise tête ».

L’immigrant Jean-Baptiste Malteste, né en 1728 à Combourg en Bretagne, est le fils de François-Daniel et de Marie-Anne Rolland s’étant mariés à Poitiers, d’où viennent les Malteste. Les registres de cette ville permettent de remonter jusqu’à l’arrière-arrière-grand-père de Jean-Baptiste. Charles, l’ancêtre, exerce le métier de marchand fourreur. Ses descendants œuvrent toujours dans le commerce.

François-Daniel Malteste, « marchand bourgeois », et Marie-Anne ont trois enfants. François-Daniel décède jeune alors que Jean-Baptiste, le benjamin, est âgé de dix ans. Marie-Anne ne se remarie pas. Jean-Baptiste est instruit, ce qui révèle une certaine aisance de la famille. En 1740, à l’âge de 12 ans, il embarque à La Rochelle sur le navire Le Comte de Matignon affrété par Simon Lapointe à destination de Québec.

Nouvelle-France

Signature de Jean-Baptiste Maltais au bas de son acte de mariage, le 13 novembre 1753. (Registres paroissiaux des Éboulements)

À Québec, l’instruction sert bien Jean-Baptiste qui trouve un travail chez un dénommé Ponsant à Saint-Joachim dans la seigneurie de Beaupré. En l’absence de traces documentaires, nous ignorons les activités de Malteste entre son départ de Saint-Joachim et son mariage en 1753, aux Éboulements, si ce n’est que dans les années précédant son mariage, il travaille à Baie-Saint-Paul.

Josephte Gagnon

Josephte, qui épouse Jean-Baptiste Maltais en 1753, est la petite-fille du premier seigneur Tremblay des Éboulements, Pierre Tremblay, qui acquiert la seigneurie des frères Lessard en 1709. Étienne Tremblay, cousin de Josephte, hérite de la seigneurie après le décès de son père Pierre en 1736.

Josephte, comme la plupart des Tremblay des Éboulements, est liée à la seigneurie de La Malbaie. En plus d’avoir des cousins qui y résident, ses parents y ont vécu au moins une année, en 1749.

Jean Gonthier, son défunt mari originaire des Éboulements, possédait une terre à L’Isle-aux-Coudres et c’est là que le couple s’est établi.

La vie dans Charlevoix

Après leur mariage, Jean-Baptiste rejoint Josephte sur la propriété de l’île héritée de Jean Gonthier, son premier mari. Ils y vivent jusqu’en 1754. Puis, ils traversent aux Éboulements, sur une terre de 2,5 arpents de front.

Jean-Baptiste, Josephte et leurs deux premiers enfants s’établissement à La Malbaie en 1758 ou avant. Leur troisième et dernière enfant, Geneviève, est baptisée dans la chapelle de La Malbaie.

Ils y demeurent jusque vers 1776, sauf peut-être durant l’hiver 1759-1760, après le raid punitif des Rangers américains qui faisait partie du crescendo de la bataille des Plaines d’Abraham, à Québec. Pendant tout ce temps, la terre des Éboulement demeure dans le patrimoine familial. C’est là que Jean-Baptiste et Josephte vivent leurs dernières années.

Même après son retour aux Éboulements, Jean-Baptiste garde de forts liens avec La Malbaie. Ses enfants s’y trouvent, certes, mais il se gagne l’estime des notables dont le seigneur John Nairne qui, en 1784, le dépeint comme un « … habitant bien élevé et d’une remarquable honnêteté, beaucoup mieux instruit que la moyenne des gens de son rang social. »

Descendants

Par son mariage avec Josse Guay, à La Malbaie, Geneviève Maltais, fille de Jean-Baptiste et Josephte, est la matriarche de tous les Guay de la région de La Malbaie.

Ses frères Alexis et Jean Marie ont une impressionnante descendance qui propage le patronyme paternel partout au pays.

Décès

Monument funéraire dans le cimetière des Éboulements, 2023. (Collection privée, Sylvain Dufour)

Jean-Baptiste décède sur sa terre, aux Éboulements, le 19 mai 1801, à l’âge de 73 ans. Josephte décède cinq ans plus tard, le 19 février 1802, à l’âge de 87 ans.

Agnès Maltais

Agnès Maltais, vers 2014. (Assemblée nationale du Québec)

Agnès Maltais descend d’Alexis, fils de Jean-Baptiste. Elle est la fille de Lauréat, ancien maire de Sault-au-Mouton et ancien député fédéral créditiste, et de Béatrice Thibault, originaire de Saint-Félix-d’Otis.

Politicienne, comme son père, Agnès Maltais devient la première femme préfète de municipalité régionale de comté au Québec. Élue députée à Québec en 1998, elle passe 20 ans à l’Assemblée nationale. Durant cette période, elle occupe plusieurs postes tant au sein du gouvernement que de l’opposition.

Ses ancêtres quittent La Malbaie au milieu du XIXe siècle. Après avoir travaillé à plusieurs endroits, ils s’établissent en Haute-Côte-Nord, dans la région de Grandes-Bergeronnes et des Escoumins. Agnès Maltais se rend à Québec pour les études et elle n’en repart pas.

Ghislain Maltais

Ghislain Maltais, vers 1990. (Assemblée nationale du Québec)

Ghislain Maltais, né en 1944 à Sacré-Cœur, est le fils d’Albert et de Marie-Anne Gravel. Ses ancêtres ont migré de La Malbaie vers les Escoumins au milieu du XIXe siècle.

Ghislain étudie au collège de Forestville et à l’Université du Québec à Rimouski. De 1968 à 1974, il est associé chez Clément et Bertrand Assurances de La Malbaie. En 1974, il ouvre son propre cabinet sur la Côte-Nord, Maltais Courtiers d'Assurances.

Durant ces années, il s’implique en politique locale. En 1983, lors d’une élection partielle, il est élu député à l’Assemblée nationale pour le comté de Saguenay (la Côte-Nord). Réélu deux fois, il s’acquitte de diverses fonctions parlementaires.

À partir de 1997, son action politique se transpose sur la scène fédérale; il devient consultant en stratégie et organisation avant de travailler pour le Parti conservateur du Canada. En 2012, Ghislain Maltais est nommé sénateur représentant la région de Shawinigan.

La guerre de 1812

Le Colonel de Salaberry à Chateauguay, 1813.  (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 0005259668)

Après le déclenchement des hostilités entre les Américains et la Grande-Bretagne en 1812, le gouverneur ordonne aux colonels de milice de lever 2 000 hommes afin de former quatre bataillons de « milice incorporée » à l’armée régulière.

Le 25 mai, le colonel Malcom Fraser reçoit ses ordres à La Malbaie. Il procède au tirage au sort de 35 noms pour contribuer à la milice sédentaire de Baie-Saint-Paul (c’est-à-dire de tout Charlevoix), qui est de 35 hommes. Certains hommes échangent leur place avec d’autres probablement avec l’assentiment du capitaine local. En janvier, un ordre supplémentaire est émis pour que la milice de Baie-Saint-Paul trouve 116 hommes de plus.

Marcel Maltais, fils de François et de Domithilde Potvin, est le seul Maltais de la milice sédentaire de Baie-Saint-Paul mobilisé. Son frère aîné François est sollicité mais, comme les parents ne peuvent pas s’en passer, le père propose quel Marcel le remplace, ce que toutes les parties concernées acceptent. La lecture du dossier militaire de Marcel nous apprend qu’il mesurait 5 pi 5 po (165 cm), avait les yeux bleus et les cheveux bruns.

Marcel sert au 4e Bataillon de la milice d’élite incorporée. Son cousin François Guay, de qui il est proche, également mobilisé, sert au 1er Bataillon. Marcel sert une année, du 5 juin 1812 au 6 juin 1813. Il est démobilisé lorsque la bataille de Châteauguay a lieu le 26 octobre 1813 et que la force d’invasion américaine est repoussée.

En 1845, Marcel se prévaut de l’octroi de terres offertes aux vétérans en faisant convertir son « script » en une somme d’argent équivalente. Cette aide arrive à temps pour réaliser ses projets d’investissement au Saguenay, où il déménage en 1847.

Les marchands

Le négociant, 1747. J.-B. Descamps (peintre) et Jacques-Philippe Le Bas (graveur). (Bibliothèque nationale de France)

Le marchand vend au détail une marchandise spécifique et le marchand grossier équivaut au grossiste. En Nouvelle-France, et particulièrement à Québec, les marchands bourgeois s’occupent surtout d’acquérir et de distribuer des produits européens. La Rochelle est un des gros ports fournisseurs de la colonie.

Les historiens hiérarchisent les catégories de marchands de la Nouvelle-France. Au sommet se trouvent les personnes les plus riches et influentes du pays, les spécialistes de l’import-export, dits marchands bourgeois. La plupart d'entre eux sont soit des officiers supérieurs de la milice locale, soit des membres du Conseil supérieur de la Nouvelle-France. Les marchands bourgeois sont proches du pouvoir.

Ensuite, il y a les marchands détaillants qui s’approvisionnent chez les bourgeois et distribuent les produits dans la vallée du Saint-Laurent. Chaque ville a une zone réservée au commerce; on la désigne la bourse ou le change.

Au même niveau hiérarchique que les détaillants se trouvent les marchands-voyageurs qui dominent le commerce de la fourrure. Au XVIIe siècle, les plus entreprenants des classes inférieures gravissent les échelons sociaux en faisant le commerce des fourrures (« la traite »). Considérant sa rentabilité, tous participent à la traite qui est, sans contredit, la principale source de revenus de la colonie. Ce commerce fait plusieurs fortunes et cause plusieurs faillites.

Viennent ensuite les prêteurs, les petits commerçants et les artisans marchands qui écoulent leurs marchandises à la campagne. Au bas de l’échelle commerciale se trouvent les marchands sans employés.

Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix

Dès l’été 2024, vous pourrez vous procurer le livre Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix, publié aux Éditions GID. Il sera en vente à la boutique du Musée de Charlevoix, sur le site Web de Parcours Fil Rouge ou en librairie.