Capsules d'info

Introduction

En complément de chacun des circuits-familles, « Passeurs de mémoire » propose des capsules d'info gratuites.

En France

Instruments du charron, 1763. (Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Paris, 1751)

Originaire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), le pionnier Simon Savard, fils de Simon et de Marguerite Vinante, naît le 22 mai 1623. Le père de Simon de même que son grand-père, Jehan, marié à Marguerite Thubye, exercent le métier de charron qui fabrique des charrettes et des chariots. Simon apprend la charronnerie de son père.

Le grand-père Jehan est écrivain domestique avant d’être soldat morte-paye au château de Vincennes. C’est-à-dire qu’on le paie en temps de paix pour être soldat en garnison. Moins connue, la lignée maternelle de Simon nous renseigne sur une de ses tantes, Guillemette, mariée à Jean Garce, barbier chirurgien à Noisy-le-Sec.

Les tribulations de Marie Hordouille

Marie Hordouille, fille de Quentin Hordouille et de Marie Souhaitté, naît vers décembre 1621. Ceux-ci décèdent des suites de la peste en 1625 et Marie se retrouve orpheline à l’âge de trois ans. Une bonne partie de la famille périt durant l’épidémie, y compris ses grands-parents. Un grand-oncle, seule famille proche, l’adopte ainsi que son grand frère Eustache.

Marie et Eustache héritent d’un patrimoine financier de plusieurs centaines de livres représentant une somme importante pour l’époque, un journalier gagnant au plus 75 livres par année. Juste avant les fêtes de Noël de 1643, Marie, âgée de près de 22 ans, obtient l’aval de la famille pour épouser Denis Vié le jeune. Elle se fiance et Denis lui achète des cadeaux en prévision du grand jour.

Coup de théâtre

L’accordée du village, Jean-Baptiste Greuze, 1761. (Wikimédia)

Au printemps 1644, Marie annonce à Denis qu’elle épouse Simon Savard. Le 4 juin, Denis Vié dépose une plainte auprès du prévôt de Montreuil en lui demandant d’interroger la jeune femme. Le 13 juin, interrogée, Marie prétend que Denis Vié insistait pour qu’elle accepte les cadeaux qu’il lui offrait et minimise les dépenses que Vié prétend avoir faites relativement aux préparatifs.

Le lendemain matin, elle se fiance avec Simon Savard et, le surlendemain, un mercredi, elle épouse Simon à l’église Saint-Pierre-Saint-Paul de Montreuil. Le 16 juin, lendemain du mariage, les parents de Denis Vié, le tuteur de Marie et le père de Simon conviennent d’un accord en vertu duquel cessent les procédures et en contrepartie Marie paie des frais de 35 livres pour le procès et conserve les cadeaux reçus.

La vie commune

Jouer avec bébé, XIXe siècle. Jean-Baptiste Greuze, 1761. (Wikimédia)

Après son mariage, Marie reçoit de son tuteur la moitié du patrimoine légué par ses parents à leur décès. Une terre, devant être divisée en deux, fait partie de l’héritage, ce qui s’est fait selon la coutume par tirage au sort. Marie a le premier choix; elle gagne donc 65 perches (3 320 m2) de terre dont une partie en vignoble.

Le premier des dix enfants du couple qu’elle forme avec Simon naît le 29 juin 1645. De ce nombre cinq n’atteignent pas l’âge adulte et le dernier enfant naît le 20 février 1661, toujours à Montreuil.  À l’occasion du mariage d’Eustache Hordouille, frère de Marie, Simon signe comme témoin ainsi que Jacques Guay, oncle de Gaston Guay parti en Nouvelle-France notamment.

Durant l’été 1650, lorsqu’Eustache Hordouille atteint la majorité, il touche sa part de l’héritage de ses parents. Il décide alors de vendre sa moitié de la maison familiale à Marie et Simon. Simon emprunte 385 livres pour payer son beau-frère. Trois ans plus tard, Simon loue une partie de la maison pour trois ans à raison de 45 livres par année; il est peut-être à court de liquidités. En 1654, un créancier le poursuit et gagne.

Les préparatifs

Pierre Boucher, seigneur de Boucherville (1622-1717). Estampe, 1890.  (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 0002728676)

En mars 1657, Simon Savard loue la maison de Montreuil, 55 livres par année, à son cousin Jean Garce, barbier et chirurgien. En 1659, Jean Garce se marie et Simon est son témoin. Au fil des ans, Simon Savard apparait en justice plusieurs fois à titre de témoin, dans diverses causes qu’il a la chance, ou la malchance, d’observer.

En 1662, Pierre Boucher, gouverneur de Trois-Rivières, en voyage à Paris, se rend à Montreuil pour recruter des colons. Il rencontre alors les Savard. Pierre Boucher, convaincant, convient du départ de Simon avec les deux filles aînées et les deux fils qui les suivent. Marie attend que la petite dernière grandisse un peu avant d’entreprendre la traversée.  Le 22 mai, chez le notaire, Simon signe une procuration en faveur de Marie.  Pierre Boucher et les hommes recrutés partent relativement tard dans la saison.

L'installation à Québec

Québec, 1800. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Nous avons peu d’information sur les activités de Simon durant sa première année à Québec.  Au printemps 1663, après avoir fait des arrangements relatifs à ses propriétés, Marie et les enfants font le voyage. Elle transporte beaucoup d’argent avec elle, probablement pour faciliter l’installation de la famille en Nouvelle-France.

Durant l’automne qui suit, l’aînée des Savard, Denise, âgée de 17 ans et endossée par ses parents, signe un contrat de mariage avec Abraham Fiset. Il est curieux de constater que Simon Savard entreprend des démarches contre l’administration coloniale pour ne pas avoir reçu les biens et la nourriture envoyés par le roi pour aider les familles de colons. Il semble que ces biens ont été entreposés. Aujourd’hui, la poursuite serait un recours collectif.

Les deux fils de Simon et Marie

Les deux fils de la famille Savard se prénomment Simon, comme le père, et Jean. Simon, fils, épouse Françoise Letellier tandis que Jean épouse Marguerite Tremblay, fille de l’immigrant Pierre Tremblay. Les deux s’établissent à Charlesbourg. 

Décès

La santé de Simon Savard est chancelante et il décède entre le 1er mars 1664, date de l’envoi de sa requête au Conseil souverain, et le début de l’été, au tout début de la quarantaine. Le 15 janvier 1665, l’inventaire de ses biens est dressé et Marie se remarie à Jean Rhéaume le 26 janvier. Aucun enfant ne naît de cette seconde union. Marie s’éteint à Charlesbourg, vers l’âge de 82 ans, le 24 novembre 1703.

Félix-Antoine Savard

F.-A. Savard, à droite, lors du 50e anniversaire de mariage de Louis-Philippe Dufour, 1970. (Collection privée, Sylvain Dufour)

Plusieurs écrits rappellent la mémoire de Félix-Antoine Savard. Né à Québec, il passe la plus grande partie de sa jeunesse à Chicoutimi où son père s’était établi pour le travail.  Son association avec Charlevoix commence lors d’excursions en canot avec son père. Ils se rendent « dans les hauteurs de Périgny », un canton à la limite des comtés de Chicoutimi et Charlevoix. Le jeune Félix-Antoine adore les paysages et la sérénité de la nature.

Après son ordination, il habite dans divers endroits dont La Malbaie et Clermont. Félix-Antoine Savard se forge alors des amitiés solides qui durent toute sa vie, entre autres avec Louis-Philippe Dufour de La Malbaie.

Vers Charlevoix

Le premier Savard s’établissant dans Charlevoix, Joseph Savard, fils de Jean et Marguerite Tremblay, a sûrement entendu parler de Petite-Rivière-Saint-François et de Baie-Saint-Paul puisque c’est là qu’habitent son grand-père Tremblay et son oncle Pierre.

Peu de temps avant son mariage en 1711, l’intendant lève le moratoire sur le peuplement de L’Isle-aux-Coudres. L’île appartient au Séminaire de Québec l’ayant reçue de Mgr de Laval. Les « messieurs du Séminaire » gèrent l’île avec leur seigneurie de Beaupré, même si, techniquement, elle forme une seigneurie distincte. Il est vraisemblable que Joseph Savard et son épouse, Josephte Morel, s’installent sur L’Isle-aux-Coudres à l’automne 1719.

Le maître charron

Plane ou couteau à deux mains utilisé par les charrons, vers 1740. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec,  P178,D55)

Le charron fabrique et répare des carrioles, charrettes, brouettes ou tout autre véhicule avec des roues. Au XVIIe siècle les roues sont surtout en bois avec une bande de roulement en fer.

En Europe, selon les époques, on appelle le charron « embatteur de roues », « rodier » ou « royer ». Il doit produire des roues parfaites, ce qu’il fait du centre vers l’extérieur. L’opération finale est le cintrage en fer forgé. Le bandage de fer se place à chaud, au rouge, sur le bois de la périphérie de la roue. Le fer se contracte en se refroidissant, ce qui assure le serrage de toutes les pièces assemblées. La roue doit être suffisamment solide pour supporter une lourde charge, mais surtout, être capable de résister aux surfaces inégales et rugueuses. Le métier de charron a pratiquement disparu dans les années 1950 avec l'avènement des pneus en caoutchouc.

Armoiries

 Armoiries Savard (Site Web 2007-2023 Denis Savard)

Denis J. Savard propose un blason pour les Savard d’Amérique en harmonie avec les règles héraldiques. Il le décrit comme suit :

  • "Le blason suit la tradition des armoiries des Savart de Saint-Brisson (Belgique) et des Savarre (Tourraine), qui sont d'azur au chevron d'or et respectivement accompagnés de trois besants de même, et, accompagnés de trois trèfles de même.
  • Coïncidence, les armes de Montreuil-sous-Bois sont d'azur au chevron d'or surmonté d'une fleur de lys et accompagné de trois branches de pêcher d'argent fruitées de couleur or.
  • Pour ce qui est de la symbolique, M. Savard donne ces explications :
  • La doloire est cet outil de charron, symbole que l'ancêtre de notre lignée Jean Savart utilisait comme marque pour sa signature;
  • La roue rappelle aussi le métier de charron, métier qu'exerçaient les trois ancêtres de la lignée canadienne;
  • La roue en pointe signifie aussi que la famille avance, ou progresse, continuellement, comme peut en attester le nombre de descendants patronymiques (au 46e rang des patronymes au Québec) et leur répartition sur le continent;
  • Le chevron qui représente la vieille maison ancestrale illustre le métier de charpentier qu'exerçaient les ancêtres Hordouille, le côté maternel de notre lignée;
  • Le chevron qui représente la vieille maison ancestrale est aussi symbole de protection;
  • La couleur azur indique la loyauté et la splendeur;
  • Le métal or dénote la générosité;
  • La combinaison azur et or rappelle les couleurs de la couronne française, soulignant l'origine française de nos ancêtres."

Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix

Dès l’été 2024, vous pourrez vous procurer le livre Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix , publié aux Éditions GID. Il sera en vente à la boutique du Musée de Charlevoix, sur le site Web de Parcours Fil Rouge ou en librairie.