Capsules d'info

Introduction

En complément de chacun des circuits-familles, « Passeurs de mémoire » propose des capsules d'info gratuites.

Randonnai

Les quatre estats : le prélat, le soldat, le laboureur et l’avocat.  (Wikimédia)

Le pionnier Pierre Tremblay, fils de Philibert et de Jeanne Coignet, naît vers 1626 dans le Perche, à Randonnai qui se trouve tout près de Tourouvre. À notre connaissance, Pierre a un frère et une sœur. La ferme familiale, La Filonnière, se situe à moins de 500 mètres au nord-est de l’église. D’autres Tremblay, ceux qui travaillent le fer, accèdent à la noblesse à titre de seigneurs du Gaillon.

Laboureur

Labours avec des bœufs. Georges H. Harvey, 1881. (Bibliothèque et Archives Canada, 2 838 273)

Le métier qu’exerce Philibert, de même que son fils Pierre, est celui de laboureur comme l’indique l’acte de mariage de Pierre en 1657.Le laboureur cultive la terre afin d’en tirer une récolte de légumes ou de céréales. Le laboureur qui n’est pas propriétaire de la terre qu’il cultive s’appelle un métayer.

Les laboureurs propriétaires peuvent employer d’autres ouvriers agricoles selon la grandeur de leur terre. La plupart des pionniers de la Nouvelle-France sont laboureurs, cultivateurs, agriculteurs ou fermiers. Les techniques agricoles anciennes et les outils sont alors rudimentaires. L’agriculture relève la plupart du temps de la subsistance. La ferme devait subvenir à tous les besoins de la famille : nourriture (céréales et viande), vêtements (peaux, cuir et fibres comme le lin et la laine) et bois de chauffage pour l’hiver.

Les principales récoltes de la Nouvelle-France sont, à cette époque, le blé, les pois, l’orge et l’avoine. On garde toujours une section de terre boisée et des pâturages pour les animaux. On fait la rotation des terres pour éviter qu’elles ne s’épuisent. Le laboureur travaille du lever au coucher du soleil. Près de la maison, on plante un jardin potager pour les légumes et le tabac. Parfois, on trouve quelques arbres fruitiers près de la maison.

Ozanne Achon

Le mariage à la ville. Abraham Bosse, 1633 (Musée Carnavalet, Histoire de Paris)

Pierre, âgé de 21 ans, arrive à Québec durant l’été 1647. Il travaille au port et aux entrepôts de la compagnie gérée par Juchereau ainsi qu’au magasin de la Communauté des habitants.  Dix ans plus tard, le 19 septembre 1657, Pierre, 31 ans, et Ozanne Achon, 24 ans, signent un contrat de mariage. Aucun des deux conjoints ne peut signer. Ils se marient deux semaines plus tard, le 2 octobre 1657, à Québec.

Ozanne, baptisée dans la paroisse Notre-Dame de Chambon le 18 juillet 1633, est la fille de Jean et Hélène Regnaud (Renaud). Ozanne traverse l’Atlantique en 1657. Le couple s’établit à Château-Richer où Pierre exerce le métier de métayer. Il est donc fermier sans posséder de terres.

En avril 1659, Pierre prend possession de deux arpents de terre à L’Ange-Gardien, face au fleuve Saint-Laurent. Leur première fille, Marie Madeleine, est née et baptisée à Québec en juillet 1658. Puis, naissent quatre autres enfants : Pierre, Michel, Jacques et Marguerite. La famille Tremblay est inscrite au recensement de 1666 comme vivant dans la Côte-de-Beaupré, qui comprend L’Ange-Gardien.

Vers Charlevoix

L’ancienne ferme Saint-Aubin, de Baie-Saint-Paul, 2023. (Collection privée, Sylvain Dufour)

Monseigneur François de Laval contrôle la totalité de la seigneurie de Beaupré depuis 1668. Fin 1675, il concède un premier lopin de terre à Petite-Rivière-Saint-François à Claude Bouchard qui s’y établira à partir de 1676.

En 1678, toujours à l’affût d’hommes de confiance pour développer sa propriété, François de Laval embauche Pierre Tremblay pour exploiter la nouvelle ferme de Baie-Saint-Paul. En 1679, Pierre rejoint Noël Simard à Baie-Saint-Paul, un autre homme de confiance de Mgr de Laval. Pierre s’établit définitivement dans Charlevoix à la fin de son contrat lié à la construction du moulin banal en 1684. Dans le régime seigneurial français, l’usage du moulin banal est imposé aux censitaires d’une seigneurie, moyennant une redevance.

Décès

Pierre, père, décède des suites de l’épidémie de 1688 tandis qu’Ozanne survit jusqu’à 74 ans et décède en 1707. Elle habitait chez son fils Jacques à L’Ange-Gardien.

Descendants

Pierre Tremblay, fils, suit son père à Baie-Saint-Paul. Il prendra éventuellement sa relève. En 1710, Pierre, fils, a suffisamment accumulé de liquidités pour acheter la seigneurie des Éboulements aux frères Lessard qui n’avaient rien fait pour la développer. Ses fils, Pierre et Louis, demeurent dans Charlevoix. Pierre est devenu seigneur des Éboulements en 1710. Les filles de Pierre Tremblay contribuent à l’établissement des grandes familles Savard et Gagné de Charlevoix. 

Daniel Perron

Place Royale de Québec, 202. (Wikimédia, photo : Wilfredo Rafael Rodriguez Hernandez)

Deux enfants de Pierre et d’Ozanne, Louis et Jeanne Tremblay, épousent des enfants de Daniel Perron, fils du marchand qui aurait transporté Ozanne en Nouvelle-France.

Daniel Perron, fils de François Perron, marchand et armateur rochelais, et de Jeanne Suire, est né hors mariage en novembre 1630. Daniel est baptisé dans la religion protestante de ses parents. Ces derniers ne se marient pas, mais une convention prévoit une rémunération à la mère pour la prise en charge de l’enfant jusqu’à l’âge de huit ans. À partir de ce moment, Daniel travaille pour son père pendant dix ans et apprend les rudiments des affaires et du commerce.

À l’âge de 19 ans, Daniel arrive en Nouvelle-France sur le même bateau qu’Ozanne Achon, Le Taureau. Ce voyage fait en quelque sorte partie de son apprentissage. Le père demande à Michel Desorcy d’assumer la responsabilité de son comptoir de Québec. Après deux ans, Daniel retourne en France pour travailler comme domestique de son père. En 1662, Daniel Perron dit le Suire revient à Québec muni d’une procuration de son père pour le représenter, Desorcy étant décédé. Il arrive à Québec à bord de L’Aigle blanc le 5 juin, après environ six semaines de traversée. Son mandat est de passer l’hiver 1662-1663 à Québec pour régler quelques affaires avant de retourner en France à la fin de la saison de navigation de 1663.

Louise Gargotin

L’abjuration d’Henri IV le 25 juillet 1593. Nicolas Baullery. (Musée d’art et d’histoire de Meudon)

Daniel Perron ne retourne pas tout de suite en France et, après une courte période de fréquentation, il décide d’épouser Louise Gargotin (Gargottine) et de demeurer en Nouvelle-France. Louise, originaire de la même région que Daniel, pratique la même religion. Lors de son arrivée en 1663, Louise fait partie des 35 filles formant le premier contingent de Filles du roi. En prévision de son mariage, Daniel est obligé d’abjurer le calvinisme le 6 décembre 1663. Ses relations déjà tendues avec son père ne s’améliorent pas avec la nouvelle de l’abjuration; il le renie, retire sa procuration et le déshérite.

Jean-Noël Tremblay

Jean-Noël Tremblay, vers 1965. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P428,S3,SS1,D44,P329)

Descendant du couple Achon-Tremblay, comme tous les Tremblay d’Amérique, Jean-Noël Tremblay, né à Saint-André-du-Lac-Saint-Jean, en 1926, a, comme plusieurs Tremblay de cette région, ses racines dans Charlevoix.

Il se démarque principalement par sa carrière politique qui débute en 1958 lorsqu’il est élu député fédéral de Roberval. En 1966 et en 1970, il est élu au provincial dans Chicoutimi et il occupe les fonctions de ministre des Affaires culturelles dans les cabinets Johnson et Bertrand. Sa carrière s’oriente ensuite vers le conseil auprès de divers hommes et femmes politiques (Jeanne Sauvé, Marcel Masse, Jean-Paul L’Allier, etc.). Jean-Noël Tremblay décède à Québec le 23 janvier 2020 à l’âge de 93 ans et 7 mois.

Autres Tremblay connus

Mario Tremblay, le 8 octobre 1975. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Les Tremblay ayant marqué le paysage du Québec au fil du temps sont nombreux. Dans les milieux de la culture, du sport, de la politique : Michel, l’écrivain et dramaturge, Gérald, le politicien, Guylaine, la comédienne, Jean La La, Jean-Claude, le hockeyeur, Mario, le Bleuet bionique, Suzanne, la politicienne, Martine, l’historienne et autrice qui a notamment été chef de cabinet du premier ministre René Lévesque ...

Les surnoms

On peut se demander pourquoi tant de familles Tremblay ont encore aujourd’hui des surnoms. On pourrait remplir bien des pages à lister et expliquer tous les surnoms si, seulement, on pouvait les inventorier rapidement. Une des premières motivations derrière les surnoms est de pouvoir distinguer les familles d’individus portant les mêmes noms, surtout dans les villages où tout le monde se fréquente.

La Société historique du Saguenay a compilé une centaine de surnoms. Beaucoup ne survivent pas à leur porteur initial. En voici une liste non exhaustive : Tremblay dit Picoté, le premier était le seul survivant de l’épidémie de variole à L’Isle-aux-Coudres, Tremblay dit Romaine, Tremblay dit Canette, Tremblay à Kiki (Kilo), etc. Dans les surnoms plus personnels, on retrouve Tremblay Tempscouvert pour un type qui avait mauvais caractère, Tremblay Couche-Debout pour un gai luron qui rentrait tard, Tremblay Renard pour un gars aux yeux clairs, nerveux et toujours actif. Puis, parmi les moins « politiquement corrects », on peut rencontrer Tremblay Pas-de-Fesses, Tremblay Pisse-Fin ou les Tremblay la-Crasse…

La guerre de 1812

Le Colonel de Salaberry à Chateauguay, 1813. (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 0005259668)

Lorsque les hostilités sont déclenchées en 1812 entre les Américains et la Grande-Bretagne, le gouverneur ordonne aux colonels de milice de lever 2 000 hommes afin de former quatre bataillons de « milice incorporée » à l’armée régulière.

Le colonel Malcom Fraser reçoit l’ordre le 25 mai à La Malbaie. Il procède à un tirage au sort de 35 noms pour fournir le quota de la milice sédentaire de Baie-Saint-Paul (c’est-à-dire de tout Charlevoix) qui est de 35 hommes. Certains tirés au sort changent de place avec d’autres, ce qui semble permis, probablement avec l’assentiment du capitaine local. En janvier, un ordre supplémentaire est donné pour que la milice de Baie-Saint-Paul trouve 116 hommes de plus.

Cinq Tremblay de la milice sédentaire de Baie-Saint-Paul sont mobilisés dans Charlevoix : quatre aux Éboulements (Étienne, fils de Bruno; Louis, fils d’Urbain; Pierre, fils de Pierre, et François, fils d’Étienne et Michelle Gagné) et un de La Malbaie (Joseph dit Canette, fils d’André). Étonnamment, ils ne sont pas proches parents. Leur ancêtre commun, qu’ils soient pris en paire ou en groupe, remonte à la quatrième génération avant eux. Nous ignorons où Pierre est affecté. Joseph est envoyé au 1er Bataillon de la milice d’élite incorporée, Louis et François au 3e Bataillon et Étienne est caporal au 6e Bataillon.

Le 26 octobre 1813, la milice d’élite incorporée se trouve à Châteauguay pour affronter une force d’invasion américaine. Le jour de la bataille, le 3e Bataillon s’est battu toute la journée et le 1er Bataillon, gardé en réserve, a pris la relève à la fin de la journée, après un repli temporaire de l’ennemi. Le 1er a contribué à repousser la dernière attaque américaine durant la nuit et n’a subi aucune perte parmi ses 70 hommes.

Le 3e Bataillon compte 50 hommes; c’est une compagnie légère. À la fin de la bataille, il compte deux soldats tués; six hommes et un capitaine sont blessés et quatre manquent à l’appel. Les deux miliciens Tremblay s’en sortent indemnes. Le 6Bataillon n’est pas à Châteauguay le jour de la bataille avec les Américains.

À titre de vétérans mobilisés, nos cinq miliciens ont droit à la gratification de 20 $ consentie par le parlement de l’époque. Tous reçoivent leur octroi, sauf Joseph dit Canette qui décède à Chicoutimi quelques mois avant le dépôt de la liste au Parlement le 13 mars 1876. Joseph vivait au Saguenay depuis plusieurs années. Étienne y était aussi, dans la région de Laterrière. Les trois autres ont fait leur vie dans leur village natal des Éboulements.

Armoiries

Armoiries des Tremblay. (Association des Tremblay d’Amérique)

L’Association des Tremblay d’Amérique a enregistré des armoiries au Registre public des armoiries, drapeaux et insignes du Canada. L’Association décrit ses armoiries comme suit :

« La partie supérieure de l’écu est divisée en deux. À gauche, les armoiries du Perche rendent hommage à l’ancêtre Pierre Tremblay, né vers 1626 à Randonnai, une petite commune du Perche, en France. À droite, sur un fond rouge, la perdrix d’or sommée d’une couronne est inspirée des armoiries de l’Aunis, également en France, et rappelle qu’Ozanne Achon, épouse de Pierre Tremblay, était native de Chambon, dans le diocèse de La Rochelle. La partie centrale de l’écu comporte deux anneaux entrelacés qui symbolisent l’union du couple ancestral. Les étoiles illustrent la multitude de familles portant aujourd’hui fièrement le nom de Tremblay. »

Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix

Dès l’été 2024, vous pourrez vous procurer le livre Passeurs de mémoire au pays de Charlevoix , publié aux Éditions GID. Il sera en vente à la boutique du Musée de Charlevoix, sur le site Web de Parcours Fil Rouge ou en librairie.